Sauts en élastique

Publié le par cousinhub

Août 2000, le pont du Bézergue, à quelques dizaines de kilomètres de Castres.


Il est 14h30 et je suis précisément en train de tomber dans le vide comme une pierre...
...la vie attachée par les chevilles.
Tu y es cousin, c'est ma première expérience de saut à l'élastique. Et maintenant que je viens tout juste de sauter, je réalise soudain l'énormité de mon acte. Un tel saut, d'un pont de 60 mètres, est bref dans le temps, un peu plus long dans la tête. Assez en tout cas pour ressentir une bonne montée d'adrénaline.
C'est incomparable au niveau des sensations. On passe par plusieurs étapes.
D'abord quand on arrive au pont : on marche dessus et on jette un coup d'oeil par-dessus la rambarde. Premiers serrements d'estomac.
Vient ensuite l'inscription pour le saut. Tu remplis un papier que tu signes en reconnaissant que tu sautes en toute liberté. Chut l'estomac !
Après quelques minutes d'attente, pendant lesquelles tu as tout loisir d'observer les sauteurs qui te précèdent, l'organisateur te met le harnais. Ca monte, ca monte...
Ensuite, tu t'approches de la plateforme de saut. Accrochage de l'élastique au harnais puis petite grimpette sur la planche d'appel : un rectangle à peine plus grand qu'une feuille de papier A4 recouvert d'une matière anti-dérapante et légèrement inclinée vers l'avant. Plus question de reculer. Entre-temps, on vient de t'informer que pour réussir le saut, il ne faut pas regarder vers le bas mais s'élancer vers l'horizon.
Maintenant, debout au-dessus du vide, t'entends à travers le brouillard des pensées qui se bousculent dans ta tête, un mec que tu connais depuis moins d'une heure, te dire qu'il est prêt et que tu peux y aller quand tu veux. Et là se produit l'inconcevable : toi, le sensé, le pondéré, le réfléchi, le timoré, tu fais un truc de dingue : tu déplie les jambes avec force et te jettes dans le vide. Tout s'accélère brusquement et tu pousse la plus grosse gueulante de ta vie.

La vidéo sur cousinhub.net

Août 2001, le pont de la Mariée dans les gorges de Daluis.

80 mètres au-dessus d'un ruisseau d'à peine 5 mètres de large s'appelant le Var.
Le site est grandiose. Les falaises sont abruptes et la couleur rouge foncé de la roche ajoute encore à l'ambiance un peu suréaliste qui règne ici.
Je saute, pousse un cri sauvage, et tout de suite, je me rends compte que, contrairement à l'année précédente, la traction exercée par l'élastique est nettement plus virile.
J'en suis surpris et oublie de mettre mes bras en croix, de sorte que je tourne sur moi-même. Le sang me monte à la tête, j'ai l'impression d'être une toupie qui ne s'arrêtera jamais de tourner.
Mais je finis par me rétablir et j'ai enfin l'occasion de m'intéresser à ma situation. Suspendu par les pieds dans le vide, un pont m'apparaît loin au-dessus de moi sur lequel déambulent des silhouettes.
Je descends progressivement vers le fond et quand on me libère du harnais, je suis encore un peu étonné d'avoir osé rééditer l'expérience.
Alain, mon beau-frère qui venait de sauter juste avant, s'approche et nous nous congratulons mutuellement avant de remonter à pied vers le pont.

Août 2005, le pont de Ponsonnas dans l'Isère.

Ca se passe à trois quarts d'heure de Grenoble. Le pont culmine à 103 mètres au-dessus d'une rivière qui s'appelle le Drac.
Sur place l'accueil se fait dans un chalet où l'on trouve boissons, glaces, souvenirs, ... et circuit vidéo fermé pour mater les sauts de la journée. Très instructif, de voir les têtes avant, pendant et après.
La prise en charge est très bien organisée : accueil et confirmation de l'inscription au chalet ; harnachement par une personne spécialement dédiée à cette tâche ; accrochage et présentation au saut par deux autres personnes qui alternent à chaque saut, histoire d'éviter la routine.
Comme les fois précédentes, l'émotion me submerge à deux moments précis : quand je me promène sur le pont et me penche par-dessus la rembarde avec une grosse boule au ventre. Puis lorsque je grimpe sur la rembarde à l'aide d'un petit escalier en bois : lorsque j'y pose mes pieds, j'ai très peur de perdre l'équilibre et de basculer dans le vide sans le vouloir. Je demande donc à la personne qui me prend en charge de me retenir par le harnais le temps que je me stabilise.
Là, je me calme en faisant le vide. J'inspire une grande goulée d'air pendant que j'étends mes bras... et je me lance très fort vers l'avant en poussant un énorme cri libérateur.
La chute est vertigineuse, la décellération est progressive mais assez forte pour que le scratch qui m'entoure les chevilles compresse mes chaussettes sur les chevilles. Elles en garderont un souvenir douloureux  durant plusieurs jours. J'avais qu'à les remonter plutot que de les laisser roulées !
Que dire d'autre : que les yoyos de l'élastique me font remonter assez haut pour que je puisse voir les expressions sur les visages des gens qui m'observent depuis le pont ; que je suis content d'avoir su surmonter mon appréhension une nouvelle fois, et encore mieux qu'à l'occasion des sauts précédents. J'en ai vraiment bien profité.
Et j'en profite encore aujourd'hui, grâce à la vidéo que j'ai achetée sur place et je me repasse de temps à autres.

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